Nicée et l’antijudaïsme

« Il y a des éléments centraux de la foi chrétienne qui sont passés sous silence à Nicée et dans sa Confession de foi. L’évocation d’Israël passe à la trappe. Le récit des alliances, celui de la libération d’Égypte, les prophètes, tout cela est omis. Les textes de Nicée passent directement de la création à l’incarnation. C’est parfaitement délibéré parce que l’antijudaïsme est extrêmement fort au IVe siècle. » Christophe Chalamet, dans Réformés, mars 2025, p. 18.

« Nicée représente donc un moment décisif dans l’histoire de la substitution chrétienne, où l’Église chrétienne, en alliance avec l’empereur romain, a formellement renoncé à sa constitution bilatérale. De manière consciente et décisive, l’Église s’est détournée du peuple juif et s’est tournée vers l’empire romain. » Mark Kinzer, Scrutant son propre mystère, Parole et Silence, Paris, 2016, p. 281.

« Ce souci de séparation d’avec le judaïsme est également un facteur très important dans les disputes sur la date de Pâques et dans la résolution de cette question controversée à Nicée. Les débats à ce sujet sont complexes. En simplifiant, deux positions sont en présence : celle qui fixe la célébration annuelle de la résurrection du Christ le jour de la Pâque juive : le 14 Nisan. C’est la position « quartodécimaine » en vigueur dans les Églises d’Orient.

L’autre position, majoritaire, est celle qui veut que la fête de la résurrection soit toujours célébrée un dimanche. Les pères du concile de Nicée ont clairement opté pour ce point de vue. La règle obligatoire décidée à Nicée a été de fixer la fête le premier dimanche suivant la pleine lune, après l’équinoxe de printemps.

L’argument central pour justifier cette décision est que l’opinion minoritaire est à rejeter parce qu’elle se fonde sur la pratique juive de datation. Un virulent antijudaïsme s’exprime explicitement dans la Lettre du Concile de Nicée aux Égyptiens, trouvée parmi les écrits d’Athanase, et surtout dans la Lettre de Constantin aux Églises.

A Nicée, l’Église ne s’est pas seulement opposée aux juifs, mais les a aussi exclus et dénigrés. Bientôt, elle les persécutera, préparant ainsi l’antisémitisme séculier encore plus virulent qui culminera dans la Shoa. » Martin Hoegger, « Le concile de Nicée et le judaïsme », p. 9 et 1.

Tout l’article de Martin Hoegger mérite d’être lu : https://www.hoegger.org/article/nicee-judaisme/

Lors de la journée du 22 mars 2025 à la HET-PRO, nous avons demandé pardon à Dieu pour cet antijudaïsme qui a traversé les siècles:

Dieu, notre Père,

Tu as choisi de bénir toutes les nations par Abraham et sa descendance.

Tu as choisi le peuple d’Israël d’entre tous les peuples. (Deutéronome 10,15)

Tu as choisi Marie, jeune fille juive, pour donner naissance à Jésus dans une famille juive.

Nous venons te demander pardon d’avoir si souvent bafoué tes choix depuis le concile de Nicée.

Ô Seigneur, pardonne tout le mépris, toute la haine, toute la violence que les chrétiens ont manifestés envers le peuple juif au travers des âges.

Chant 61-19 : ô Seigneur pardonne !

 Nous reconnaissons, Père, que l’Église a souvent prêté sa voix aux puissances des ténèbres qui cherchent à anéantir Israël, ton peuple.

Chant 61-19 : ô Seigneur pardonne !

Avec Israël dans le livre de Daniel, nous te prions :

« Seigneur, Dieu grand et redoutable, toi qui gardes l’alliance et la fidélité envers ceux qui t’aiment et qui observent tes commandements.

Nous avons péché, nous avons commis des fautes, 

nous avons agi en méchants et en rebelles, 

nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes règles.

Nous n’avons pas écouté tes serviteurs, les prophètes, qui ont parlé en ton nom. (…)

A toi, Seigneur, la justice, et à nous la honte. (…)

Au Seigneur, notre Dieu, la compassion et le pardon, 

Car nous avons été rebelles envers lui. » 
(Daniel 9, 4-9, NBS).

Chant 61-19 : ô Seigneur pardonne !

Avec l’apôtre Paul, nous confessons que Jésus, le Messie, a détruit le mur de séparation entre les Juifs et les non-juifs, entre les circoncis et les non-circoncis, entre Israël et l’Église :

« 13 Par l’union avec Jésus Christ, vous qui étiez loin, vous avez été rapprochés par le Christ qui a versé son sang. 14Oui, c’est lui qui est notre paix, lui qui a fait de ceux qui sont Juifs et de ceux qui ne le sont pas un seul peuple. En donnant son corps, il a abattu le mur qui les séparait et qui en faisait des ennemis. 

16Par sa mort sur la croix, le Christ les a tous réunis en un seul corps et il les a réconciliés avec Dieu ; par la croix, il a détruit la haine.  18C’est en effet par le Christ que nous tous, ceux qui sont Juifs et ceux qui ne le sont pas, nous avons libre accès auprès de Dieu, le Père, grâce au même Esprit saint. »

(extraits d’Ephésiens 2,13-18, NFC)

« Aujourd’hui, qui dis-tu que je suis ? » 1700 ans après Nicée, avec le R3 (Suisse), les Attestants (France), l’Ancre (Alsace-Lorraine) et Unio Reformata (Belgique).

La face sombre de Nicée : son antijudaïsme
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