par Gérard Pella

La comparaison est souvent douloureuse… quand elle est en notre défaveur !

« Regarde ta sœur, elle y arrive très bien ; pourquoi pas toi ? »

« Ce collègue est nettement plus efficace que toi… »

Ou, plus subtilement encore :

« Cette jeune fille est très douée ! », sous-entendu : « mais pas toi… »

« Cette église est formidable ! », sous-entendu : « mais pas la tienne… »

Une comparaison douloureuse, voilà ce que l’apôtre Paul a parfois vécu, lui aussi. On en trouve plusieurs indices dans la Deuxième épitre aux Corinthiens, qui est quasiment tout entière une justification de son ministère. Il écrit :

Nous n’oserions pas nous déclarer égaux ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. 2 Corinthiens 10.12 (SG21).

J’estime n’avoir été en rien inférieur à ces super-apôtres.   2 Corinthiens 11.5 (SG21).

Si je reviens chez vous, je ne ménagerai personne, puisque vous cherchez une preuve que Christ parle en moi (ou par moi, Bible en Français Courant)  2 Corinthiens 13.3 (SG21)

Comparé à de « super-apôtres », qui parlent bien mieux que lui, Paul doit défendre son ministère parce qu’ils sont en train d’égarer cette jeune communauté de Corinthe. Pour cela, il ne fait pas appel à ses qualités ni aux résultats impressionnants de son ministère. Il aurait pu mentionner toutes les conversions dont il a été témoin ainsi que toutes les communautés qu’il a fondées. Non, il parle plutôt de ce qu’il a reçu que de ce qu’il a réussi.

Il mentionne l’appel et l’autorité qu’il a reçus du Seigneur (chapitre 10), les souffrances qu’il a endurées (chapitre 11) et les révélations qu’il a reçues (chapitre 12). C’est un extrait de ce chapitre (les versets 6 à 13) que nous allons chercher à comprendre.

Ces révélations étaient si extraordinaires que Paul a reçu une écharde dans la chair pour lui éviter tout orgueil (v.7). 

Quelle est cette mystérieuse écharde ?

La Bible Segond 21 constate qu’il y a une grande diversité d’interprétations : « Nous ne savons pas en quoi consiste l’écharde dont Paul souffre dans son corps, parce qu’il ne le précise pas. Certains ont suggéré qu’il pourrait s’agir de paludisme, de crises d’épilepsie ou d’une maladie des yeux (cf. Ga 4.13-15). » (Note à propos des versets 7-8).

Pour Paul, cette écharde douloureuse a une fonction bien particulière :

Parce que ces révélations étaient extraordinaires, pour m’éviter tout orgueil, il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper, pour m’éviter tout orgueil. 2 Corinthiens 12.7 (TOB).

Deux fois dans le même verset, Paul précise que l’écharde a pour but de lui éviter tout orgueil. 

« Y a-t-il un seul serviteur de Christ qui ne puisse mentionner quelque ‘écharde dans la chair’, visible ou cachée, physique ou psychologique, de laquelle il a supplié d’être délivré, mais que Dieu lui a donnée pour le garder humble et donc efficace à son service ? Chaque croyant doit apprendre que la faiblesse humaine et la grâce divine vont de pair.»  (Philip E. Hughes, Nouveau Commentaire Biblique, St-Légier, Éditions Emmaüs, 1978, p.1139). 

J’ai quant à moi de la peine à concevoir que le Seigneur nous envoie une maladie. Il me semble plus juste de voir les choses comme le livre de Job : Dieu permet à Satan de nous mettre à l’épreuve au moyen d’une maladie.

Satan se retira alors de la présence de l’Éternel. Puis il frappa Job d’un ulcère purulent, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du crâne. Job 2.7 (SG21). 

Voilà ce qui pourrait amener Paul à comprendre son écharde – s’il s’agit d’une maladie – comme un ange de Satan.

Ce qui est sûr, c’est que l’écharde est quelque chose qui nous blesse, nous fait souffrir et nous invite à l’humilité.

Quand je ne suis pas exaucé…

Paul a prié le Seigneur d’éloigner cette écharde de lui. Trois fois. Mais il n’a pas été exaucé. Le grand apôtre Paul a fait une expérience qui nous arrive à tous : j’ai prié… mais je n’ai pas été exaucé. 

Ça fait mal de ne pas être exaucé quand on a prié non seulement trois fois mais 3 ans ou 30 ans. Il n’y a que les super-apôtres qui prétendent qu’ils sont toujours exaucés. La réalité, l’humble réalité, c’est pourtant que nous ne sommes pas toujours exaucés, même quand on est aussi fidèle et consacré que Paul. Vous connaissez certainement des chrétiennes ou des chrétiens exemplaires qui ont vécu des épreuves très douloureuses. A commencer par Jésus !

Le non-exaucement fait parfois encore plus mal que l’écharde… L’écharde de Paul n’a pas été enlevée mais il a reçu une parole de la part du Seigneur : Ma grâce te suffit !

C’est incroyablement fort ! Quel chemin il nous faut parcourir pour arriver à croire que la grâce nous suffit. Si souvent, elle ne nous suffit pas : nous voudrions la santé, la sécurité, la prospérité… et si possible une vie réussie et des objectifs atteints. La grâce de Dieu ne nous suffit pas.

Il ne nous suffit pas de recevoir l’amour de Dieu, sa présence dans la souffrance ; nous voudrions que la souffrance cesse. Il ne nous suffit pas de recevoir son pardon dans la honte ; nous voudrions que nos défauts disparaissent. Il ne nous suffit pas de recevoir sa tendresse dans les conflits ; nous voudrions que les conflits s’apaisent. Il ne nous suffit pas de recevoir sa force dans la faiblesse ; nous voudrions être forts !

Et pourtant, dit le Seigneur, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse (v.9, TOB).

C’est un miracle ! Un autre miracle que la guérison, mais un miracle tout de même. 

Dans la faiblesse se manifeste parfois une force qui nous soutient ; dans la faiblesse transparait parfois un rayonnement qui vient de plus haut. Comme l’écrit une chrétienne gravement handicapée par la sclérose en plaques :

« Il arrive parfois, et comme par instant, que de l’épreuve jaillisse la preuve d’un élan qui nous maintient debout » (Sandra).

Le témoignage de Joni 

Joni est une jeune fille de 17 ans, pleine de vie au moment de son accident. En plongeant, elle a heurté le fonds de la mer et se retrouve tétraplégique, c’est-à-dire paralysée non seulement des jambes mais des bras et des mains. A plusieurs reprises, elle est encouragée par ses amis à espérer une guérison miraculeuse. Son église organise une nuit de prière ; elle reçoit l’imposition des mains ; à plusieurs reprises on intercède pour elle avec une foi entière. Mais rien ne se passe. A chaque fois, Joni doit digérer sa déception – voire sa dépression – quand elle n’est pas exaucée.

Un de ses amis, Steve, étudie dans une École Biblique. Il l’aide beaucoup à accepter sa situation et à garder confiance en Dieu en ouvrant avec elle les Écritures. Un jour, il lui apprend que le mot grec que la Bible utilise pour parler de la puissance de Dieu est dunamis,

un terme grec qui se retrouve à la fois dans le mot dynamite et dynamo. Il lui montre, Bible en mains, que la puissance de Dieu se manifeste parfois comme de la dynamite : c’est alors le miracle, la guérison, l’exaucement. Gloire à Dieu ! Mais sa puissance se manifeste parfois aussi comme une dynamo[1] : elle produit juste la lumière nécessaire pour que nous puissions avancer dans la nuit.

Joni comprend ainsi que la puissance de Dieu se manifeste comme une dynamo dans sa vie. Elle accepte sa situation et commence à communiquer sa foi de manière rayonnante, alors même qu’elle est dans un fauteuil roulant, totalement dépendante de son entourage. La puissance du Seigneur donne toute sa mesure dans sa faiblesse. Son témoignage a touché des milliers de personnes.[2]

Quand nous ne sommes pas exaucés, nous ressentons de la tristesse, du découragement, de la révolte parfois. Je vous propose de ne pas en rester là, de ne pas nous replier sur nous même, mais de demander au Seigneur de nous donner, comme il l’a fait pour Paul ou pour Joni, une parole qui vienne éclairer notre chemin. Dieu peut nous parler de tant de façons différentes. Demandons-lui avec confiance une parole qui nous permette de rester dans la confiance en Lui.


[1] Sur un vélo, la dynamo est un petit appareil qui produit de l’électricité grâce au frottement du pneu contre sa roulette. Cette électricité permet d’alimenter le phare du vélo.

[2] Joni Eareckson et Joe Musser, Joni, Genève, L’Eau Vive Edition, 1991.

Ma grâce te suffit !

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