Prédication du premier dimanche de l’Avent, prononcée à Romainmôtier par le Pasteur Antoine Schluchter.
Nous sommes rassemblés à l’invitation du même Seigneur pour nous mettre à l’écoute d’une même parole d’évangile que le reste du monde. Même Seigneur, même parole divine, même monde : l’œcuménisme dans ce qu’il a de meilleur. Ce matin, nous sommes confrontés, chahutés par la force des mots rudes de Jésus. Incontournable étape pour que la Bonne Nouvelle nous atteigne et nous convertisse. Cette prédication tentera de faire écho à la substance du passage d’évangile en particulier : Luc 21.25-38
Au rythme d’une de ses paroles-phare :
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
En cette fin d’année où la nuit étend son emprise et le froid ses morsures.
En cette pandémie où d’innombrables questions lacèrent nos certitudes.
Comme le peuple élu a jadis traversé la solitude de siècles sans parole divine.
Comme tant de peuples promis au bonheur ploient sous le joug de leurs oppresseurs.
Comme tant de femmes depuis la nuit des temps subissent sans mot dire.
Comme trop d’enfants brimés d’insouciance et grevés d’affection dépérissent.
Comme tant d’humains errent sans le moindre repère.
Jusqu’à nos églises en souffrance, en perte de sens, en manque de reconnaissance.
Nos nuques se raidissent, nos dos se voûtent.
Sous les courbatures du doute.
Les crispations de la désespérance.
Le souffle court, le cœur lourd, nous avançons tête basse.
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Quand la danse des astres devient folle et angoissante.
Et les signes de dérèglement clignotent au tableau de bord du monde.
Et le grand astre nous darde de ses rayons brûlants.
Et des tonnes d’engins tournoient au-dessus de nos têtes.
Quand la mer s’agite en d’insupportables fracas.
Et les tempêtes se multiplient, grossissent, déferlent.
Et les eaux se réchauffent et les fleuves s’assèchent.
Et les feux et nos activités déstabilisent ce qui a toujours été.
Et se réveillent de leur engourdissement originel des organismes menaçants.
Quand les puissances des cieux et les fondements de la terre seront ébranlés.
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Déjà paraît le signe du figuier aux bourgeons prégnants.
Déjà sortent de terre des semences gorgées d’évangile.
Déjà la nuit se dilue.
Déjà l’horreur compte ses heures.
Déjà l’adversaire recule et prend la fuite.
Déjà s’inversent les forces en jeu.
Déjà point l’espérance du fruit mûr.
Déjà retentit le chant des moissonneurs.
Déjà se lève la génération des promesses réalisées.
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Encore pourtant subsistent les illusions éphémères.
Encore les appels aux excès dévoreurs de foi et porteurs d’irrespect.
Encore les déséquilibres répétés entre puissants infatués et petits méprisés.
Encore ces nourritures qui nous laissent sur notre faim.
Encore ces ivresses qui donnent à nos cœurs la gueule de bois.
Encore ces lourdeurs qui entravent notre délestage.
Tentant vainement de voiler la proximité du règne.
Et l’imperturbable pérennité des paroles du Maître.
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Le grand dénouement aux images implacables.
Les couleurs aux contrastes virulents, les traits forcés à souhait.
Du jour qui prend à l’improviste.
Jetant son filet sur le monde en son entier.
Qui pourrait y échapper ?
Avec quelle dignité ?
De sa bouche sort l’épée de feu.
Dans sa main la pelle à vanner.
Il vient dans son règne.
Qui pourrait lui résister et devant lui subsister ?
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Il vient, le temps des certitudes.
Il prend corps, le temps des promesses égrenées au long du texte.
« Alors on verra le fils de l’homme venant sur une nuée
dans toute sa puissance et sa gloire. »
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche. »
« Sachez que le règne de Dieu est proche. »
Il est venu le temps de se lever, ceinture aux reins et bâton à la main.
« Tenez-vous sur vos gardes de peur que vos cœurs ne s’alourdissent. »
« Restez éveillés dans une prière de tous les instants. »
Les promesses divines fendent les brumes et traversent les tempêtes.
Elles nous piquent de leur souffle glacial et gonflent nos voiles.
Nous mettant en état de vigilance, d’éveil, de prière.
Invitation à faire grandir entre nous et rayonner autour de nous l’amour du Christ.
Jour après jour dans l’attente de son jour.
Et la nuit tombée, à le rejoindre priant au mont des Oliviers.
Pour mieux, le jour venu, dès l’aube naissante, rejoindre le peuple des humains.
L’accueillir en nos synagogues.
Car c’est tout à fait certain, nous sommes cette génération qui…
« …ne passera pas que ces choses n’arrivent. »
Comme celles qui nous ont précédés et –qui sait ? —celles qui suivront.
Génération de sauvés en espérance et –qui sait ? —en plénitude.
Génération proche de la délivrance.
Génération de prière et de vigilance.
Les enjeux sont fixés.
Les épreuves annoncées.
Le chemin tracé, balisé du tout premier Avent au tout dernier.
Marchons-y ensemble accompagnés, attentifs, rassérénés.
Le regard vers le but fixé.
« Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ! »
Romainmôtier, célébration œcuménique régionale, dimanche 21 novembre 2021
Pasteur Antoine Schluchter